L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
Bayuk : un voyage dans l’univers de Justine Niogret (Éditions 404) — Nicolas
Bayuk : un voyage dans l’univers de Justine Niogret (Éditions 404) — Nicolas

Bayuk : un voyage dans l’univers de Justine Niogret (Éditions 404) — Nicolas

Si tu as parcouru, même sporadiquement, mes chroniques sur ce blog, tu as dû t’arrêter, ne serait-ce qu’une fois, sur l’une de celles dédiées aux livres de Justine Niogret.

Que ce soit l’histoire de sa vie, à travers Le syndrome du varan, et le mal fait aux petites filles par ceux qui devraient les protéger, que ce soit l’Histoire ou le Moyen Âge, à travers Chien du heaume ou Mordred, ou encore le roman noir et son magnifique La viande des chiens, le sang des loups.

Chacun de ses romans m’a emporté ailleurs, et m’a laissé presque pantois, face à cette écriture à l’os, sans aucune de ces rodomontades dont certains sont familiers.

Dans Bayuk, tu vas croiser Toma. C’est une môme qui a grandi à Coq-Fondu. Un patelin perdu au fond des marais.

En langage Choktaw, bayuk signifie le serpent… Sans doute un lien que tu vas croiser tout au long de ta lecture.

La mère de Toma, c’est la capitaine Écarlate. Une pirate qui a disparu peu après la naissance de la petite.

Tu vas croiser Boone, et Roi-Crocodile.

Tu vas croiser des esprits vengeurs, de vieux pirates, des suaires et des sabres, et le vaudou.

Un univers à l’inverse de ce que je lis, tu le sais, mais Justine Niogret, je lui fais entière confiance. À chaque fois, elle m’a pris par la main et m’a emporté dans un autre monde littéraire.

Son écriture est magique. Les mots qu’elle te donne à lire sont toujours au ras de l’os, et même si ce roman est sans doute destiné à un public plus jeune, elle fait le job de superbe façon.

Tu vas penser à ces romans que tu lisais gamin, ou gamine d’ailleurs, et qui te laissaient écouter le bruit du réveil dans le ventre du crocodile, ou encore ceux qui te racontaient les aventures de Huckleberry Finn.

Ne va pas croire une seconde que tu devrais passer à côté, parce que tu es trop vieux pour ça.

Tu te goures.

L’histoire d’une quête, d’un chemin, d’une amitié.

L’histoire de la famille, celle dont parlait Richard Bach, dans « le Messie récalcitrant », celle que tu te fabriques à travers le respect dans « la vie de chacun des membres ».

Tu vas tenter de comprendre, aussi, de quelle manière certains adultes ont cette capacité à créer sur les enfants une emprise dont ils ne pourront plus se défaire. Alors, tu vas penser au syndrome du varan, et à « Ce qui est monstrueux est normal » de Céline Lapertot.

Et finalement, n’est-ce pas le secret de la littérature, de faire se croiser les chemins fabriqués par les romans qui nous ont emporté ailleurs ?

Boone sera sans aucun doute celui que te parlera le plus si tu as connu des mômes bercés par le non-amour de leurs parents.

D’aucuns, toujours eux, vont tenter de t’expliquer qu’ils n’ont pas aimé le livre parce qu’ils n’ont pas aimé les personnages…

C’est presque drôle.

Et si, finalement, le travail de l’écrivaine avait été suffisamment bon pour que ses personnages existent, pour qu’elle leur donne vie, pour que tu finisses par les rencontrer réellement ?

Et si le but de tout auteur était de fabriquer un monde dans lequel il n’y a que la page blanche ?

Dans un de ses entretiens, Justine Niogret nous dit que ce sont ses personnages qui ont écrit le récit, et qu’ils ont eu l’air de bien s’amuser…

Ça aussi, c’est le but de la littérature.

Un vrai roman d’aventures que n’aurait pas reniées Stevenson.

C’est tout ce que j’ai à dire sur ce roman.

Nicolas

Bayuk, Justine Niogret, Éditions 404, 304 P., 16€

6 commentaires

  1. Ballanger

    Que c’est dur de trouver de bons critiques! J’en tiens un et je vais l’user jusqu’à l’os… Dur d’être objectif dans un exercice qui est par essence subjectif. Pourtant, avec du style, des références, sans rien dévoiler, on arrive ici à se faire un idée du livre sans rentrer dans les sempiternels  » nous retrouvons ici notre héroine + inserer ici le résumé du livre sur 12 pages-écran… » comme on voit beaucoup trop souvent sur un site bien connu . Merci beaucoup, parce que ça aide beaucoup les gros lecteurs comme moi dont le plus gros cauchemar est d’aborder un week end hivernal sans rien d’intéressant à lire…Au plaisir de vous suivre!

    1. Merci ! C’est chouette de se dire que certains nous suivent parce qu’ils y trouvent « la substantifique moelle »… On tente de faire du beau travail, et on y met toute la passion possible, comme le dit Yann en exergue du blog. Rendons donc à Yann ce qui lui appartient, à savoir la naissance de ce beau bébé…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

En savoir plus sur Aire(s) Libre(s)

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture