L’envie de partage et la curiosité sont à l’origine de ce blog. Garder les yeux ouverts sur l’actualité littéraire sans courir en permanence après les nouveautés. S’autoriser les chemins de traverse et les pas de côté, parler surtout de livres, donc, mais ne pas s’interdire d’autres horizons. Bref, se jeter à l’eau ou se remettre en selle et voir ce qui advient. Aire(s) Libre(s), ça commence ici.
Beneath the trees where nobody sees, Patrick Horvath (Ankama) – Aurélie & Yann
Beneath the trees where nobody sees, Patrick Horvath (Ankama) – Aurélie & Yann

Beneath the trees where nobody sees, Patrick Horvath (Ankama) – Aurélie & Yann

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Ne vous fiez pas aux couleurs douces et au dessin tout mignon. Concentrez-vous un peu plus sur ce rouge sur le sac puis tournez les pages de cette BD déroutante et génialissime !

On se croirait un peu chez les « Sylvanians » pour ceux qui ont la référence, des gentils animaux en tout genre vivent dans une petite bourgade tranquille où tout le monde respire la joie de vivre.

Mais Samantha, Sam pour les intimes, nous réserve quelques surprises. Derrière sa petite vie rangée, son sourire bienveillant, se cache une soif de meurtre inextinguible.

Très organisée, elle n’agit jamais dans sa propre ville. Son cauchemar commence lorsque des meurtres horribles sont perpétrés dans son voisinage. Cela pourrait bien mettre en péril la couverture qu’elle s’est savamment construite…

Le contraste entre le dessin qui nous pousse vers un monde gentillet et la narration qui nous emmène lentement, mais sûrement, vers l’horreur est d’une efficacité redoutable. On en viendrait presque à douter quand des scènes terribles apparaissent sous nos yeux, mais le mal imprègne bien profondément ces pages et est même prêt à en déborder !

Une découverte incroyable !

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Margot Negroni.

Aurélie.

On suit depuis des années l’excellent travail accompli par les éditions Ankama qui ont su se faire une place dans le paysage bédéphile francophone. Et ce n’est pas le titre auquel on s’intéresse aujourd’hui qui va nous faire changer le fusil d’épaule. Jusque-là plus connu pour ses activités de producteur, scénariste et réalisateur aux États-Unis, Patrick Horvath s’est fait remarquer dès la parution de son premier ouvrage, ce Beneath the trees where nobody sees particulièrement féroce et réjouissant en ce début d’année tout aussi féroce et nettement moins réjouissant.

Bien évidemment, le contraste entre le fond et la forme y est pour beaucoup, ces jolis animaux anthropomorphes aux couleurs pastel qui commettent des meurtres épouvantables, il y a là quelque chose de quasi transgressif, l’impression que notre imaginaire enfantin (ou ce qu’il en reste) est sauvagement détourné de son propos initial. Il n’y a rien d’innocent dans le choix de Patrick Horvath d’incarner sa tueuse en série en ourse, le « teddy bear » si cher aux enfants, génération après génération. Si sa splendide couverture ne laisse aucun doute quant au contenu de l’ouvrage, Beneath the trees where nobody sees (quel titre aux faux airs de comptine !) parvient néanmoins à bousculer rapidement ses lecteurs en suivant Sam dans un de ses meurtres et en s’attachant au protocole mis en place dans ce qui s’apparente pour elle à une véritable cérémonie.

Non content d’installer très vite un climat plutôt délétère au sein d’une petite ville aux apparences idylliques, Horvath double la mise en imaginant un « concurrent » à Samantha, quelqu’un qui se refuse à respecter les règles auxquelles elle se plie depuis ses débuts, quelqu’un qui semble vouloir la provoquer. Qui, parmi les sympathiques habitants de Woodbrook, serait capable de perpétrer de telles abominations, de la surpasser dans l’horreur ?

Réussite parfaite et coup d’essai absolument remarquable, Beneath the trees where nobody sees bénéficiera, on le sait déjà, d’une suite. En gardant à son récit une fin ouverte, Patrick Horvath prend le risque de décevoir ou de se répéter ou des deux en même temps. Mais on préférera bien évidemment imaginer qu’il en a encore sous le coude et que son prochain opus nous bousculera d’aussi agréable manière que l’a fait celui-ci.

Yann.

Beneath the trees where nobody sees, Patrick Horvath, Ankama, 160 p. , 19€95.

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